"Le temps sera porté par un beau mouvement dramatique et celui-ci ne laissera pas de place à la monotonie"
Alexandre Vialatte

Les vaches

La vache Salers dans tous ses états


J'ai rencontré ces vaches Salers le 14 juillet 2008. Elles paturaient sous le Puy Mary à hauteur du buron d'Eylac, elles se sont prises au jeu du modèle et du photographe. Les regards de ces animaux sont très expressifs... enfin, je trouve ! Au contraire de ce qu'on entend communément par "regard bovin".




Ces animaux sont particulièrement placides dès lors que le visiteur (ici le photographe ...) respecte leur sphère d'intimité.


Ne vous étonnez pas si je me fais de temps à autres un peu vindicatif lorsqu'il s'agit d'aborder le sujet des cornes. Si nous avions dit il y a quelques dizaines d'années, au début du siècle dernier, que l'homme supprimerait les cornes des vaches on nous aurait dit que ça n'avait aucun sens... eh bien il l'a fait ! Sous différents prétextes : c'est là qu'on peut apprécier le caractère "malhonnête" de la démarche. Une fois on vous dira que c'est dangereux pour le paysan (non c'est vrai on a peur de ce mot.... donc agriculteur !), une autre fois que les vaches peuvent se battre entre elles et donc se blesser. On peut aussi faire appel à l'évolution de la technique : l'apparition du cornadis, cette entrave métallique qui bloque le cou de l'animal. Cette loi du talion qu'on réprouve lorsqu'il s'agit de l'homme est très acceptable lorsqu'il s'agit de l'animal. Oui je sais que la "loi du talion" est un bien grand mot pour un si petit détail encore un ...), mais il s'agit bien de la sanction d'une faute ...

Mais je n'ai aucune ligitimité à parler de ce sujet. Que ferais-je si j'étais éleveur ? Si mon capital était engagé ? Je réagis plus comme admirateur  de la race, normée par Tyssandier d'Escous. J'attribue même à cette race, comme à celle d'Aubrac, sa cousine germaine mais en plus coquette, une capacité à développer un QI assez exceptionnel... Je raisonne à la manière de Pierre Desproges : "plus je parle de l'homme, plus je regarde mon chien" disait-il avec une froideur qui lui était propre. Je détourne ce propos en faisant référence à la vache Salers. La vache Salers, celle à qui on a laissé ses cornes, n'a pas le regard "bovin". Elle a un regard souvent enjôleur, doux, espiègle. C'est le photographe qui parle. Au moment de fixer un cliché on espère saisir une expression qui fasse de ce regard non pas un regard "bovin", mais proprement "vache". L'expression doit traduire un message, j'allais dire un sentiment. C'est aller un peu loin !