Enseignement de l'histoire

En faisant une recherche thématique sur des blogs mon regard est tombé sur cet article paru le 13 janvier 2012 sur un blog d'une classe de CM 2. L'élève chargée de la rédaction de l'article écrit :

"Nous avons travaillé sur Napoléon.

Napoléon était un emperuer, il s'est couronné lui-même.

C'est un personnage arrogant, il ne pensait qu'à lui.

Il a aussi institué de grandes choses le code civil, il a créé la Banque de France et une monnaie forte, le franc, le système métrique..."

Voilà c'est tout et c'est déjà bien ! A la limite c'est trop d'honneurs ! Il ne s'agit pas dans mon esprit de fixer le regard critique sur cette élève qui a rendu compte "sur ordre" d'un cours d'histoire dont le thème était Napoléon. Si c'est ainsi rédigéc'est le résultat de l'enseignement de l'institutrice qui a dressé un tableau très négatif de l'Empereur. On voit poindre la dialectique : "Napoléon était un empereur, il s'est couronné lui-même"... Sous-entendu où est la démocratie ? Eh bien oui un Empereur n'est pas nécessairement un démocrate pour autant cela n'en fait pas un homme mauvais voire infréquentable. Conséquence : "C'est un personnage arrogant, il ne pensait qu'à lui." Je passe sur la concordance des temps... Là l'Empereur a trouvé à qui parler ! Il est jugé arrogant et égoïste. L'institutrice n'y est pas allée avec le dos de la cuillère, elle n'a pas nuancé ses propos. Certes Napoléon devait être exigeant, très ferme, voire saisi de colères évidentes quand il n'était pas satisfait, mais c'est le propre de tous les hommes détenteurs de la moindre responsabilité. Enfin ceux qui ont ce qu'on appelle une personnalité ! Et c'est d'autant plus vrai des grands hommes qui ont laissé une trace dans l'histoire ! Prenez un Clemenceau, dont la philosophie politique était à l'extrême-gauche, il n'avait pas la réputation d'être particulièrement tendre, notamment avec ses adversaires. Il suffit de lire ses discours, c'est du tir direct en cible ! Et pourtant c'était un homme sensible comme l'étaient Napoléon, un de Gaulle, un Leclerc dont l'irascibilité est légendaire ...

Il ne pensait qu'à lui, je ne pense pas que Napoléon était égoïste disons qu'il n'était pas partageur, ce qui est autre chose ! Un homme de pouvoir, un homme qui a conscience qu'il a un destin historique est égotiste, ce qui n'est pas égoîste. Et ce qui ne recouvre pas les mêmes notions !

Enfin l'Empereur trouve grâce dans l'enseignement reçu : l'élève cite quelques oeuvres laissées à la postérité ajoutant trois points de suspension susceptibles de signifier "et le reste". Alors que l'oeuvre de Napoléon est beaucoup plus vaste et significative que cette liste superficielle.

Dans mon esprit il ne s'agit pas d'idolâtrer Napoléon ou d'autres grands hommes : l'enseignement, à mon rang de petit citoyen, doit replacer les évènements et les hommes dans un large contexte. Le comportement d'un homme du 18ème siècle ne peut pas être abordé avce notre système de valeurs. Il paraît évident que l'Empereur était un autocrate mais ce qui ne signifie pas qu'on puisse mal le juger. En effet il avait comme idée de liquider la période révolutionnaire, non pas passer la Révolution de 1789 par pertes et profits, mais d'achever cette période close par le Directoire, Directoire qui sombrait dans la corruption et l'affairisme, en exportant ce qui réprésentait le meilleur de l'idéal révolutionnaire aux yeux des contemporains. Ce qui a conduit à une forme d'expansionnisme voire d'impérialisme, favorisé par les agressions conduites contre la France. Agressions financées par l'Angleterre. Il ne s'agit pas de porter un jugement moral sur l'action... on aime aujourd'hui examiner l'Histoire au regard de la Morale ! Ce qui est assez curieux de la part d'une Société si éloignée de cette même morale !

http://www.cmalagnier.com/article-napoleon-97033645.html