Lorsque je prends ce titre, je ne déclare pas la guerre aux agriculteurs, je m'oppose à une certaine forme d'agriculture. Vous devinez à travers mes billets et mes photos que je ne photographie jamais des vaches écornées. Une vache écornée est un OGM. Entendez-vous les écolos combattre cette pratique ? Jamais. C'est une mutilation et pire encore cette pratique modifie au fil des générations, quatre ou cinq exactement, l'espèce, la variété. Un organe inutile disparaît ... cela à un nom... mais je vous en fais grâce.
Aujourd'hui les écologistes se mobilisent, ils vont nous apprendre à vivre. Pas tant les individus... mais les organisations dont on sait qui peut se cacher derrière. La catastrophe japonaise arrive à point. De cette contestation personne ne va vous expliquer pourquoi le nucléaire est dangereux. Les mêmes ne savent même pas comment fonctionne une centrale nucléaire, il faudrait dire les centrales nucléaires. Par principe c'est mauvais. Les mêmes vont vous vanter les mérites de l'éolien (et a priori cela tient !) mais omettront de vous dire qui, ou quelles organisations poussent au développement de l'éolien. En poussant l'éolien, ces industries espèrent reconquérir des marchés perdus. J'allais dire et conclure "le pognon nous gouverne". Un peu facile.
Je me documente depuis des années pour forger mon opinion (je ne vais pas vous dire que j'adopte une "attitude citoyenne" expression qui n'a aucun sens) ne m'en remettant pas seulement à l'émotion du moment. Et cet ouvrage vient à point pour contribuer à cette information.
Vous souvenez-vous des Shadoks, ces étranges oiseaux qui passaient leur vie à pomper, pomper, pomper et à inventer des machines toujours plus absurdes ? Les Shadoks, aujourd’hui, c’est nous, ou plutôt notre agriculture. Malgré son coût prohibitif, celle-ci ne respecte ni le pacte social qui la lie aux paysans, ni le pacte environnemental qui la lie aux générations futures, ni même le pacte de santé publique qui la lie à chacun de nous. Les ressources d’eau sont gaspillées, polluées. Nous recevons chaque jour dans nos assiettes notre dose de pesticides et autres résidus médicamenteux. L’agriculteur ne s’en sort plus, et il est injustement voué aux gémonies, lui qui n’est que le bouc émissaire d’un système qu’il subit. La confiance est rompue.
Pendant deux ans, Isabelle Saporta a parcouru les campagnes françaises. Dans cette enquête, elle met au jour l’absurdité du système, en le remontant de la fourche à la fourchette, du cours d’eau pollué aux cancers environnementaux provoqués par les pesticides, des animaux trop traités à l’antibiorésistance.
La conclusion semble s’imposer : puisque notre agriculture pose plus de problèmes qu’elle n’en résout, il est urgent de changer de cap et de revenir à davantage de raison. Mais si tout le monde s’accorde sur le constat d’échec, aucun responsable politique ne veut prendre le risque de s’attaquer aux fondements de l’agriculture intensive.
Loin de se contenter de brosser un tableau alarmiste, Isabelle Saporta avance des solutions simples. Pour les trouver, il suffit de savoir écouter ceux qui connaissaient le monde avant son délire productiviste. Ceux qui, aujourd’hui, travaillent d’arrache-pied à remettre les champs dans les sillons du bon sens paysan.
Isabelle Saporta est journaliste. Elle a longtemps préparé les émissions de Jean-Pierre Coffe sur France Inter. Elle est l’auteur de documentaires, dont Manger peut-il nuire à notre santé ? et collabore à Marianne.
Pour information j'ai repris la quatrième de couverture de l'ouvrage !
En complément de ce premier ouvrage on peut lire avec profit les ouvrages d'André Pochon : Les champs du possible, paru en 1999 aux éditions de la Découverte et le dernier : Le scandale de l'agriculture folle publié en février 2009 aux éditions du Rocher.